Les matériaux biosourcés dans la rénovation
Rénover un bâtiment avec des matériaux biosourcés permet de conjuguer performance thermique, confort de vie et réduction de l’empreinte carbone. Issus de ressources naturelles renouvelables (bois, chanvre, paille, lin…), ces matériaux s’intègrent parfaitement dans les projets de rénovation durable, en remplaçant ou en complétant des matériaux conventionnels souvent énergivores et polluants.
Contrairement aux constructions neuves, la rénovation implique de s’adapter à un bâti existant. Les matériaux biosourcés se prêtent particulièrement bien à cet exercice, car ils sont souvent plus respirants, souples d’utilisation, et compatibles avec les structures anciennes.
Qu’est-ce qu’un matériau biosourcé ?
Un matériau biosourcé est issu de la biomasse – c’est-à-dire de matières organiques végétales ou animales, comme le bois, le chanvre, ou la laine. Dans le domaine du bâtiment, ces matériaux sont majoritairement utilisés pour :
- l’isolation thermique et phonique ;
- les enduits ou panneaux muraux ;
- les cloisons, planchers et revêtements.
La norme NF EN 16575 encadre leur définition et leur contenu biosourcé. En rénovation, leur intérêt va bien au-delà de l’écologie : ils permettent souvent une meilleure régulation de l’humidité, une meilleure compatibilité avec des murs anciens (en pierre, brique ou torchis), et offrent un confort thermique naturel.
Les atouts des matériaux biosourcés en rénovation
✅ Réduction de l’empreinte carbone
Les matériaux biosourcés stockent naturellement du carbone pendant leur croissance. En les intégrant à un bâtiment existant, on évite l’extraction et la transformation de matériaux fossiles, tout en valorisant des ressources locales.
✅ Isolation performante et saine
Ils offrent une excellente capacité d’isolation thermique et phonique, tout en étant respirants (perspirants), ce qui évite les phénomènes de condensation, fréquents en rénovation mal pensée.
✅ Confort hygrothermique
Ils assurent une régulation naturelle de la température et de l’humidité. C’est un atout essentiel dans des logements anciens, souvent sensibles aux variations hygrométriques.
✅ Adaptabilité et compatibilité
Les biosourcés sont souvent plus flexibles et plus simples à mettre en œuvre dans des structures irrégulières ou vieillissantes (murs non droits, charpentes anciennes…). Ils s’intègrent aussi dans des chantiers réversibles ou démontables, un aspect intéressant pour les bâtiments patrimoniaux.
Exemples de matériaux biosourcés adaptés à la rénovation
🪵 Le bois
Utilisé pour les planchers, cloisons, menuiseries ou l’isolation en fibres, c’est un matériau structurel et décoratif polyvalent. En rénovation, le bois s’utilise aussi en isolation extérieure ou en bardage respirant.
🌿 Le chanvre
Sous forme de béton de chanvre (mélange avec de la chaux) ou de panneaux isolants, il offre une excellente performance thermique, une bonne inertie et une grande perméabilité à la vapeur d’eau : idéal pour les murs anciens à conserver ou compléter.
🐑 La laine de mouton
Facile à poser, elle s’adapte aux combles, planchers ou murs. C’est un isolant souple, léger et performant, bien adapté aux rénovations de petites surfaces.
🌾 La paille
Utilisée en bottes ou en panneaux compressés, elle peut isoler des parois par l’intérieur. Attention toutefois à sa mise en œuvre, qui nécessite une parfaite maîtrise pour éviter les risques d’humidité.
📄 La ouate de cellulose
Fabriquée à partir de papier recyclé, elle est soufflée ou projetée dans les combles perdus, rampants ou caissons muraux. Très utilisée en rénovation, elle s’adapte aux cavités irrégulières.
🪶 Les fibres végétales (lin, coton, coco…)
Disponibles en rouleaux, panneaux ou vrac, elles sont légères, efficaces et saines, idéales pour les projets d’isolation intérieure.
Contraintes et précautions en rénovation
🏛️ Compatibilité avec les murs anciens
Les bâtiments anciens (avant 1948 notamment) sont souvent construits avec des matériaux à forte capillarité (pierre, terre crue, chaux). Les matériaux biosourcés, respirants et à faible densité, sont particulièrement adaptés à ce type de bâti, à l’inverse des isolants synthétiques qui bloquent les transferts d’humidité.
🧱 Préparation du support
Les supports doivent être sains, secs et préparés pour éviter les pathologies futures (condensation, moisissures). Il est parfois nécessaire d’ajouter des freins-vapeur adaptés.
📐 Épaisseur des parois
Les isolants biosourcés nécessitent souvent plus d’épaisseur que les isolants classiques à performance égale. Cela peut poser problème dans des espaces intérieurs réduits ou pour conserver l’esthétique des façades extérieures.
Enjeux environnementaux et économiques
- 🌍 Bilan carbone positif : stockage de carbone, production locale, faible énergie grise.
- 🔁 Filières courtes et emplois locaux : transformation régionale, matériaux issus de cultures locales.
- 🛡️ Labels et certifications :
- Label Bâtiment biosourcé (niveau de matériau renouvelable dans le projet) ;
- NaturePlus, NF Environnement, garantissant des critères de durabilité, de santé et de performance.
Vers une normalisation des biosourcés en rénovation
Avec l’évolution des réglementations (comme la RE2020) et l’essor de l’éco-rénovation, les matériaux biosourcés gagnent du terrain. Ils ne sont plus marginaux, mais deviennent une référence technique et environnementale, en particulier dans les projets de rénovation globale.
En conclusion
Les matériaux biosourcés offrent une réponse efficace et durable aux défis de la rénovation énergétique. En plus de respecter l’environnement, ils améliorent le confort des habitants et valorisent le patrimoine bâti. Leur mise en œuvre exige cependant une bonne connaissance du bâti existant et des techniques spécifiques, pour garantir une rénovation saine, performante et pérenne.